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CONCURRENCE Agrial épinglé

Après l'absorption d'elle & Vire, l'autorité de la concurrence contraint Agrial à revendre les deux cidreries acquises et à modifier ses statuts.

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«c'est la première fois que nous sommes amenés à autoriser une opération de concentration entre coopératives agricoles sous réserve d'engagements », a indiqué le 10 octobre dernier l'Autorité de la concurrence. Celle-ci contraint Agrial à revendre l'activité cidricole achetée à Elle & Vire le 30 juin 2009, estimant que « la nouvelle entité détiendrait de très fortes parts de marché, sans que les concurrents présents ou potentiels soient en mesure d'exercer une pression concurrentielle suffisante ».

Agrial s'est donc engagée à revendre les deux cidreries acquises, situées à Condé sur Vire (Manche) et Cahagnes (Calvados), avec l'ensemble des actifs et des contrats nécessaires au fonctionnement de celles-ci. De plus, après l'absorption de la filière laitière d'Elle & Vire au 1er janvier 2011, l'Autorité de la concurrence craint qu'Agrial conditionne la collecte de lait à une obligation préalable d'achat des appros : « Outre un risque d'éviction des distributeurs concurrents et d'augmentation des prix, ce verrouillage du marché de la distribution des produits d'agrofourniture priverait également les agriculteurs de la possibilité de choisir leurs fournisseurs. »

Agrial s'est donc engagée à modifier ses statuts pour ne pas conditionner la collecte à une obligation d'achat préalable des approvisionnements.

« couac » juridique ?

« Cette modification sera proposée à l'AG de 2012, indique Michel Oriac, le directeur de la communication du groupe Agrial. Mais elle soulève le problème du suivi de la traçabilité dans le processus de production. » Ces décisions ont de quoi surprendre. Comment une formalité administrative s'est-elle transformée en « couac » juridique ? A cause des délais non respectés, répond l'Autorité de la concurrence. En effet, l'acquisition de l'activité cidricole en 2009 n'avait pas été soumise à l'époque au contrôle des concentrations puisqu'elle n'atteignait pas les seuils de notification prévus au code du commerce. Mais le 13 mai 2011, Agrial a soumis à l'Autorité l'examen de la reprise des activités laitières d'Elle & Vire. « La première opération (cidre) ayant été conclue moins de deux ans avant la seconde, c'est l'ensemble des deux opérations, conformément aux textes, qui a été étudié. Si Agrial avait attendu quelques semaines, le dossier cidricole n'aurait pas été réexaminé », explique l'Autorité de la concurrence. Franck Malinowski, le directeur de la branche boissons d'Agrial « prend acte de cette décision qui devrait se traduire par une baisse de10 M€ de notre chiffre d'affaires (137,3 M€ en 2010). Ces deux cidreries représentent une collecte de 10 000 à 12 000 t de pommes, soit 6 à 7 % de nos approvisionnements ». Reste à trouver un repreneur pour ces deux sites confrontés à un marché qui stagne. Pour Michel Oriac, « les plus péna li sés sont les salariés des deux cidreries qui s'estimaient sortis d'affaire après l'acquisition d'Agrial ».

Jean-claude Ballandonne

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